Publié le 19 avril 2013 (Mise à jour le 28 février 2024)
Le cybersquatting est une pratique qui consiste à enregistrer un nom de domaine désignant une marque ou une entreprise, dans le but de nuire à cette dernière ou d’en tirer un profit. Il s’agit, en clair, de squattage de noms de domaine.
Cette pratique est de plus en plus courante, le nombre de plaintes pour cybersquattage en 2016 a atteint le record de plus de 3000 dans le monde.
Quel risque pour mon site et mon entreprise ?
Vous l’aurez compris, vos concurrents ou de simples cybersquatteurs peuvent acquérir votre nom de domaine (votre nom, celui de votre entreprise) sur d’autres extensions (.com, .fr, .net, etc). Par exemple, vous pouvez posséder MaSociété.fr, et votre concurrent – afin de vous nuire – achète librement MaSociété.com.
Pourquoi est-ce un risque important ?
- Les interférences sur le référencement et le positionnement dans les moteurs de recherche
Un cybersquatteur peut arriver à positionner son site avant le vôtre sur Google (même si c’est le nom de votre société). - La perte de clientèle : Certains clients qui ne connaissent pas l’adresse exacte de votre site Internet peuvent taper directement votre nom avec une mauvaise extension et se retrouver ainsi, sans le savoir, sur le site d’un concurrent ou une page d’erreur par exemple.
- Le phishing : Un cybersquatteur peut reproduire votre site Internet au pixel près. Les internautes s’imaginent alors surfer librement sur votre site, alors qu’ils se font piéger par le pirate qui peut récupérer ainsi leurs informations confidentielles (notamment les identifiants de connexion des espaces clients).
- L’impact négatif sur l’image de la société : Le cybersquatting n’est pas forcément malveillant au sens de la concurrence déloyale. Il peut cependant avoir un impact négatif sur l’image de la marque lorsque les noms de domaine occupés sont utilisés à des fins humoristiques ou afin de tourner votre société en dérision (voir les exemples de France2 et France3 expliqués plus bas).
Les cybersquatteurs peuvent alors tenter de vous revendre ces noms de domaine à des prix exorbitants. Nous verrons plus bas un exemple de cyberquatting et de revente de noms de domaine.
Attention au typosquatting ! Cette technique consiste à réserver des noms de domaine se rapportant à une marque, mais avec des fautes de frappe. Imaginez un instant le nombre d’internautes tapant par erreur tous les jours gooogle.com (avec trois « o »)…
Comment protéger ma marque et mon entreprise ?
En plus du dépôt de votre marque à l’INPI (Institut National de la Propriété Industrielle), la grande partie de la protection d’une marque sur Internet se fait autour des noms de domaine.
Réservez un maximum d’extensions pour votre marque / votre entreprise :
Les risques encourus pour réserver un nom de domaine sont négligeables par une entreprise de par son prix. On arrive en effet aujourd’hui à réserver des extensions pour moins de 10 €/an.
Il est donc primordial – nous ne le répèterons jamais assez – de réserver un maximum d’extensions, en fonction de vos cibles. Si votre activité est essentiellement tournée vers la France, les quelques extensions classiques pourront être suffisantes : fr/eu/com/net.
>> Commencez par faire une étude sur un service de recherche multi-extensions concernant votre nom, le nom de votre société, etc. Réservez ensuite l’ensemble des extensions pour les noms de domaine que vous jugerez utiles.
Surveillez les noms de domaine non disponibles :
Si certaines extensions liées au nom de votre entreprise sont déjà réservées (par des concurrents ou des homonymes avec des activités différentes), il est important de surveiller ces noms de domaine afin de pouvoir les réserver dès leur libération.
Contactez notre agence web Peexeo si vous souhaitez être conseillé sur le cybersquatting ou nous confier la réservation et la veille de vos noms de domaine.
Les recours / protections juridiques au cybersquatting
Nous venons de le voir, la première action en cas de cybersquatting est la surveillance du nom de domaine. Mais certaines extensions (TLD) donnent droit aujourd’hui à des recours et des protections juridiques pour les marques.
1 – Domaines génériques de premier niveau : .com, .net, .org, .biz, .info, .name
Mise en place par l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) pour lutter contre le typosquatting, la procédure extrajudiciaire en ligne UDRP permet à chacun de signaler un litige.
Attention toutefois, elle coûte entre 1 500 et 5 000 $ et doit être approuvée par plusieurs experts (vous constaterez en consultant la liste des précédents litiges que de nombreux dossiers donnent raison au registrant).
2 – Domaines locaux : .fr, .be, .es…
En France, le cybersquattage n’est pas passible de sanctions pénales. Des actions civiles sont envisageables devant le tribunal de grande instance ou le tribunal de commerce en cas de conflit entre commerçants.
L’extension .fr gérée par l’AFNIC est protégée par le droit des marques. En cas de cybersquattage, il vous est possible d’entamer une procédure PARL de déclaration de litige, s’il s’agit de votre propre nom ou celui de votre marque (déposée à l’INPI).
En règle générale, toutes les extensions dites « locales » proposent des procédures pour la protection des noms de domaine liés aux marques dans leurs pays. C’est le cas notamment de la Belgique (.be) et sa procédure ADR. Par ailleurs, pour de nombreuses extensions comme la France ou le Canada, il est indispensable de posséder une entreprise (ou la nationalité) pour pouvoir réserver les noms de domaine associés (.fr et .ca).
Attention aux services que vous utilisez pour consulter le WHOIS d’un nom de domaine (annuaire des propriétaires de domaines). De notre expérience, nous soupçonnons trèèèèèès fortement que certains services en ligne cybersquattent certains domaines suite à des recherches de WHOIS poussées. Exemple : vous vérifiez si monentreprise.com est libre, puis monentreprise.fr et monentreprise.net, et un robot réserve et cybersquatte monentreprise.com 15 jours après. Utilisez OVH.com (ou mieux, en ligne de commande).
L’exemple de France2.com et France3.com
Quand on parle de cyberquatting, l’exemple le plus marquant reste historiquement le squattage des noms de domaine France2.com et France3.com. Pendant plusieurs années, France Télévisions a tenté à plusieurs reprises de racheter ces domaines, sans succès. Initialement réservés par des russes, ces noms de domaine ont été rapidement rachetés par des sud-coréens et leur contenu transformé en pornographie ou insultes French-Basching. Finalement France2.com et France3.com ont pu être récupérés par France Télévisions. Mais à quel prix… ?
Des business grâce aux noms de domaine
- L’achat/la vente de noms de domaine est un business très lucratif. Des milliers de domaines se vendent chaque jour sur des places de marché comme SEDO. En 2011 sur ce même service, nous avons pu voir Gambling.com se vendre à 2 500 000 $, Dudu.com à 1 000 000 $, Tada.fr à 20 000 € ou encore Megavideo.fr à 16 000 €.
- Nous parlions tout à l’heure du typosquatting, technique visant à réserver des noms de domaine avec fautes d’orthographe ou de frappe. De nombreux internautes utilisent cette technique pour récupérer le trafic de certains sites et le rediriger vers des contenus pornographiques ou publicitaires.